Les médias en ont largement parlé à l’approche de la rentrée scolaire. Dorénavant, suite à la réforme de formation des enseignants, nos jeunes collègues commencent leur carrière sans passer par la case formation professionnelle, et devront se former sur le tas. Les présidents d’université, les directeurs d’IUFM, les formateurs, les associations pédagogiques, les enseignants et leurs organisations syndicales, tous ont mis en garde contre le recul sans précédent qui guettait la formation des futurs professeurs. Mais, comme lors des réformes précédentes (changement du rythme scolaire, nouveaux programmes, évaluations nationales), le ministre impose sa doctrine sans réelle concertation et les stagiaires arrivent dans les classes…

Après les résultats du concours début juillet, les futurs professeurs d’école de notre département ont eu connaissance de leur école d’affectation dans l’été. Ces étudiants auront jusqu’à présent, au mieux observé une classe, au pire lu des manuels de préparation au concours, et seront chargés d’une classe à la fin du mois. Début septembre, les stagiaires ont eu droit à deux jours d’information à Grenoble. Ils ont reçu des consignes essentiellement administratives, et sans doute un minimum de conseils pour affronter leur classe. D’ici les vacances de la Toussaint, ils sont placés dans une sorte d’alternance entre leur classe (deux jours) et la visite de la classe d’autres enseignants (deux jours), puis ils auront quatre semaines de formation réparties autour des vacances. Ensuite, à eux de faire au mieux pour finir l’année et continuer leur carrière…

Cette réforme de la formation est dictée par une simple motivation : la réduction de la dépense publique. Seulement, en faisant disparaître une réelle formation professionnelle, en abandonnant les futurs enseignants avec pour seul modèle celui qu’ils ont connu en tant qu’élève, le gouvernement crée des dégâts qui risquent de s’étaler sur plusieurs années, voire décennies. Les IUFM étaient issus d’une lente évolution des écoles normales, amorcée dans les années 70, et mêlant pratiques de terrain et analyse pédagogique. Une fois ce modèle détruit, il faudra sans doute autant de temps pour remettre en œuvre un projet de formation cohérent.

Lionel Abry