La FSU (Fédération Syndicale Unitaire), première fédération de l’éducation, s’inquiète des incidents qui émaillent chaque manifestation lycéenne à Grenoble. Les violences policières contre les jeunes semblent devenir systématiques au rectorat, à la préfecture, en centre ville. Cette gradation dans les réponses préfectorales interroge d’autant plus notre organisation qu’elle semble caractériser notre ville et devient une « originalité » que nous déplorons.

L’usage systématique des gaz lacrymogènes et autres modes d’intervention « musclée » des forces de l’ordre n’est pas acceptable. Des témoignages de lycéens mais aussi d’adultes (enseignants, parents d’élèves) attestent d’actes dangereux (véhicules de police circulant à grande vitesse à l’arrière de cortèges ou pendant un sitting, frôlant les lycéens et semant une véritable panique) pour la sécurité des jeunes.

Ce comportement inadmissible nous interroge sur les objectifs recherchés. S’agit-il de faire dégénérer systématiquement l’action lycéenne afin de la dé-crédibiliser, en montant l’opinion publique contre les jeunes et en jouant sur l’inquiétude légitime des parents et des personnels ? Ces interrogations sont d’autant plus valides que le ministre Darcos et le président de la République traitent par le plus total mépris les revendications lycéennes, utilisent les médias pour désinformer. En effet, en axant la communication sur les négociations et le soi-disant accord avec un syndicat lycéen, la FIDL, en annonçant que le 15 mai était la dernière manifestation nationale des lycéens, le pouvoir prend la responsabilité de faire monter d’un cran l’exaspération.

Hier, la manifestation du matin à 10h s’est encore mal terminée, la place de Verdun a été encerclée par les forces de l’ordre et les lycéens largement « arrosés » de gaz lacrymogènes et molestés, sans aucun motif. L’après-midi, à l’issue de la manifestation unitaire des fonctionnaires, à laquelle ont participé de nombreux personnels de l’éducation nationale, des parents d’élèves et des jeunes, des individus, pas forcément lycéens, et des groupes organisés, ont volontairement cherché à en découdre avec les forces de l’ordre, en lançant des projectiles. Ces « provocateurs » n’ont certes pas comme but de créer un rapport de forces pour faire aboutir les revendications pour l’école. On les retrouve dans tous les mouvements depuis le CPE. Ces agissements sont « traditionnels » et ces individus bien connus de la police. Leurs manœuvres restent condamnables.

Quant au cortège qui repart en manifestation « improvisée » vers 16h, fort de 2000 lycéens environ, il a été encore une fois violemment dispersé. Des jeunes ont été blessés, d’autres interpelés et le centre-ville de Grenoble semblait en état de siège. Ces pratiques sont inacceptables et la présence des forces de l’ordre, toujours en nombre disproportionné, est de nature à alimenter en permanence les tensions. Il est regrettable que ces incidents viennent encore une fois occulter les questions de fond et une mobilisation réussie en cette journée de grève nationale.

Marie-Laurence Moros, secrétaire départementale de la FSU 38. (16 mai 2008)