Le SNUipp-FSU organisait le 10 octobre 2012 un Conseil national technique (CNT) sur la question du « socle commun ». Le conseil syndical du SNUipp-FSU de l’Isère a préparé une intervention lors de ce CNT qu’il nous propose en contribution aux débats du congrès FSU.
Pour une véritable refondation de l’école publique et laïque
motion du conseil syndical du SNUipp-FSU Isère
Le débat est sain, nous n’en contestons ni l’importance ni la valeur démocratique. Ce CNT préfigure ce que seront les échanges et confrontations de point de vue, lors des congrès de notre fédération et de notre syndicat. Pour autant, nous nous interrogeons sur l’intérêt de débattre de la notion de « socle commun », déconnectée d’une réflexion plus vaste sur « la place de l’École publique dans un monde libéral que l’on veut changer ».
Nous espérons, à l’issue de ce CN technique, pouvoir indiquer clairement à nos collègues les revendications et exigences que portera le SNUipp-FSU lors des négociations autour de la loi d’orientation. C’est pourquoi, il est essentiel de ne pas réduire ce débat à une opposition rhétorique entre « socle commun » ou « culture commune ». Si la « culture commune » comme fondement de notre projet d’école est bien toujours un mandat qui fait accord, il est nécessaire de poser, comme préalable à tout débat, la rupture avec les politiques européennes issues de la stratégie de Lisbonne, dont nous condamnons les fondations (pratiques libérales et individualisantes, logiques de résultats, élèves réduits au seul quantifiable, management humiliant les personnels…). Sans cela, il n’y a plus de débat possible !
Il nous faut dire clairement que « refonder l’école », c’est repenser ses fondations, sur des orientations qui donnent à chacun l’espoir de se construire dans un monde qui ne place pas le profit au-dessus de tout, mais l’humain dans ses perspectives de devenir. Une société inégalitaire ne peut produire qu’une école inégalitaire.
Nous sommes un syndicat de transformation sociale. Si l’échec scolaire a tout à voir avec l’échec social, la notion « d’égalité des chances » est une notion piégée si elle ne remet pas en question le contrôle qu’exerce le système, en brandissant l’arme absolue de « l’échec scolaire ». A quoi sert donc l’échec scolaire, sinon à jouer sur les peurs de l’avenir et à exclure une partie de nos jeunes ? A nous faire avaler que la crise est là et bien là, et qu’il faut jouer des coudes pour s’en sortir, au détriment de toute solidarité.
Si le socle commun peut donner des points d’appui aux professionnels de l’Éducation, il ne peut constituer une fin en soi. Car ne perdons pas de vue que c’est une commande expresse de l’Union européenne dont l’objectif est de faire de la connaissance une économie rentable. Vouloir en instiller tout ou partie dans nos mandats est-il compatible avec notre ambition de donner à tous les jeunes un niveau de culture solide ?
Il est grand temps d’ouvrir le chantier syndical d’une véritable refondation de l’École publique et laïque, qui s’attache à former les enfants, les jeunes – les futurs citoyens – à une Culture commune, tournée sur les enjeux d’avenir, dont ils sont et seront les acteurs. C’est cette Culture qui leur permettra d’être outillés pour intervenir et agir sur toutes les questions sociales et politiques qui concernent leur avenir, et qui pourra renouer avec le projet fondateur de l’école et de l’Éducation : celui de l’émancipation.