Les promesses présidentielles de faire de l’École de la République une priorité nationale avaient suscité l’espoir chez beaucoup d’enseignants. Le constat n’en est que plus cruel : la rentrée 2014, qui relève intégralement de la responsabilité de notre actuel ministre commence sous de bien mauvais auspices.

Les nouvelles organisations horaires des écoles découlent de la mise en place de la réforme des rythmes scolaires voulue par le Ministre de l’Éducation Nationale. Si la FSU appelle de ses vœux une grande réforme de l’Éducation Nationale, elle se doit d’englober tous les aspects, réunir tous les acteurs du système, avoir comme objectifs la réussite de tous les élèves et la revalorisation des métiers liés à l’enseignement.

Aujourd’hui, sur le plan national nous ne pouvons qu’être déçus par ce qui s’est passé : pas d’écoute de la part de notre Ministre, une “refondation” aux volets déconnectés les uns des autres avec une programmation incohérente, comme peut en témoigner le report d’une année des nouveaux programmes.

De toute évidence la question des rythmes aurait dû être pensée en fonction des autres changements. Pour les enseignants, pas de revalorisation à l’ordre du jour ! Au contraire, le Ministre se permet des annonces provocatrices pour toujours plus d’économies.

Finalement, la réforme des rythmes telle qu’elle est menée ne permettra pas d’améliorer la réussite des élèves ni de diminuer les inégalités. Les retours que nous avons des écoles ayant appliqué la réforme dès cette année montrent une plus grande fatigabilité des enfants et une dégradation des conditions de travail des personnels.

Cette réforme soumet encore plus l’école aux problématiques budgétaires locales, rend difficilement lisible l’organisation scolaire, renforce les inégalités entre territoires, désorganise le service public d’éducation et enfin favorise l’école privée, le décret sur les rythmes scolaires ne s’appliquant pas à ces dernières.

La FSU juge cette inégalité de traitement totalement inacceptable et contraire aux valeurs de la République.

De plus, d’une commune à l’autre, les horaires des écoles de la République ne seront plus les mêmes. Ce qui avant était à la marge (dérogations liées notamment aux transports), devient dorénavant la norme (à chaque commune, le choix de ses horaires en fonction de ses priorités). La FSU s’oppose à toute forme de territorialisation de l’École.

Alors que la réforme aurait pu être l’occasion de réduire les inégalités entre territoires en termes de qualité de service public rendu aux usagers, elle va les renforcer et confirmer un service public d’éducation à géométrie variable.

Au niveau national, le SNUipp-FSU a établi un contre-rapport sur les rythmes qui vient nuancer les propos ministériels pour qui l’application de la réforme est une réussite.

Alors que les IEN [1] se voient attribuer une charge immense, en devant assurer la liaison avec l’ensemble des mairies, la plupart des personnels se retrouvent spectateurs et ont, à juste titre, la forte impression de subir cette réforme. Au final, le sentiment de gâchis prédomine. Une réforme qui agit comme un levier de découragement là où au contraire notre profession a besoin d’une reconnaissance mobilisatrice.

Nous réaffirmons notre demande d’une réécriture du décret permettant une réforme dans l’intérêt des élèves et des enseignants.

Autre sujet brûlant en Isère : Depuis plusieurs mois, la situation du remplacement est extrêmement préoccupante. Des semaines de classes non remplacées, essentiellement en maternelle.
"-" Comment accepter 4 ou 5 semaines sans remplaçant ?
"-" Comment tolérer des classes avec 35 voire 40 enfants faute de personnels en nombre suffisant ?

"-" Qu’en est-il en cas d’accident ? Jusqu’à combien va-t-on charger les classes ?

"-" Quelle qualité d’enseignement offrons-nous à nos élèves dans ces conditions ?

Les 15 contractuels recrutés ne sont que des réponses partielles et insatisfaisantes pour tous. Nous en profitons pour vous demander un bilan des ces embauches et les critères qui ont prévalus à leurs recrutements.

Emploi, pouvoir d’achat et salaires, accès aux services publics, protection sociale… la situation économique et sociale continue de se dégrader. Les salariés du public comme du privé, mais aussi les jeunes, les chômeurs et les retraités ne l’acceptent pas. Le pacte de responsabilité proposé par le gouvernement est conditionné à une nouvelle et importante réduction des dépenses publiques. Or cette politique est déjà responsable depuis des années, de la baisse des salaires des agents de la Fonction publique, d’une réduction considérable des emplois et d’une dégradation des services publics à la charge de l’État et des collectivités territoriales. La fin de la contribution des entreprises à la branche famille à l’horizon 2017 va constituer un manque à gagner pour la protection sociale et risque d’entraîner sa fiscalisation. Notre modèle social est ainsi fragilisé alors qu’il avait été reconnu comme un amortisseur de la crise.

Pour réorienter ces choix économiques et sociaux, la FSU, avec la CGT, FO et Solidaires, appelle les personnels à être en grève le 18 mars prochain.


[1] inspecteurs de l’éducation nationale