Cette rentrée 2013 est la première réellement imputable au ministre et au gouvernement issus des élections de 2012. Dans leur très grande majorité, les personnels que nous représentons avaient aspiré à une véritable rupture politique après 10 ans de dénigrement, de casse et de démantèlement du service public d’éducation. Ils ont donc largement contribué au changement politique et, après une période d’attente et d’espoirs, manifestent aujourd’hui une réelle déception.

S’il est vrai que des créations de postes ont mis un coup d’arrêt à la politique antérieure, cela ne concerne que les moyens d’enseignement et cela est contrebalancé par les suppressions ou absence de rattrapage pour les autres catégories de personnels et les autres ministères. La « priorité au primaire » se traduit progressivement par la réaffirmation de la spécificité de l’école maternelle, la relance de la scolarisation dès deux ans et par le « plus de maîtres que de classes », forte revendication du SNUipp-FSU depuis sa création. Par ailleurs, ces moyens d’enseignement ont été largement absorbés par les différents dispositifs d’accueil et de formation des nouveaux recrutés. Si l’affectation de moyens à la formation est une nécessité, cela ne doit pas se faire au détriment des conditions de travail des personnels, or celles-ci restent largement celles des années précédentes : effectifs et productivité, heures supplémentaires imposées, compléments de services illégaux et/ou infaisables, charge de travail aggravée et temps de travail allongé par une série de tâches et d’obligations non prises en compte.

Cela est particulièrement vrai dans le second degré, où la loi d’orientation n’a pas remis en cause les orientations précédentes et les réformes néfastes dont le principal objet était d’accompagner la baisse des moyens. Le débat sur l’éducation prioritaire déçoit tant par ses objectifs affichés que par les conditions d’organisation dont les personnels sont largement dépossédés. Les territoires marqués par les plus grandes difficultés sociales, culturelles et scolaires ont besoin d’une véritable volonté de rééquilibrage qui se traduise en termes de moyens affectés, de conditions de travail des personnels, de prise en compte dans le service de toutes les tâches induites par la situation sociale, de rémunérations attractives.

Les personnels de l’EN subissent avec l’ensemble des fonctionnaires les pertes de pouvoir d’achat en raison du maintien du gel de la valeur du point d’indice. De même l’abandon de la journée de carence n’a, pour le moment, pas été tenu. Au contraire, sont multipliés les dispositifs et injonctions visant à accroître le temps de travail et à désorganiser la vie personnelle, comme on l’a vu encore à l’occasion du rattrapage de la journée de pré-rentrée. Il semble que tout soit fait pour préparer l’opinion à de nouveaux reculs en matière de temps de service et de travail des agents de l’EN. Les personnels attendent une autre considération, un autre respect de leur identité professionnelle et d’autres annonces de véritables ruptures avec la politique antérieure.

Dans ce contexte, l’ouverture de concertations sur les métiers et les parcours professionnels des personnels de l’éducation nationale est un rendez-vous majeur pour refonder réellement l’École. La FSU demande qu’il soit redonné sens aux métiers des personnels qui ont vu, ces dernières années, leurs tâches se multiplier et se diluer, leurs missions se dénaturer. Des évolutions sont nécessaires pour l’amélioration de leurs conditions d’exercice, élément décisif dans la réussite scolaire de tous les jeunes. Pour cela, les questions de formation, d’effectifs, de pratiques professionnelles, de statut, de régimes indemnitaires… devront être entendues.

Les personnels attendent du Ministre des propositions concrètes accompagnées de moyens pour permettre les améliorations nécessaires.

Pour revenir sur la rentrée dans le 1° degré en Isère, notre département scolarise 1 273 élèves de plus qu’en 2012, avec une dotation positive de 60 postes, soit un poste pour plus de 21 élèves. C’est très insuffisant compte tenu de la situation de notre département : des effectifs toujours importants dans les classes, beaucoup de journées non remplacées, une scolarisation à seulement 2,5% pour les élèves de deux ans…

Ce que nos collègues dénoncent avant tout en cette rentrée, ce sont les débuts chaotiques de la mise en œuvre des nouveaux rythmes. Les dysfonctionnements constatés sont importants : diminution des moyens de l’école, perte de repères des élèves, fatigue accrue de tous dans les écoles, problèmes de sécurité et d’organisation, dégradation des conditions de travail des personnels, confusion entre ce qui est et doit rester du ressort de l’Éducation Nationale et ce qui relève de la collectivité territoriale.

Le SNUipp-FSU avait dénoncé le passage en force du ministre Darcos, lorsqu’il avait imposé la semaine de 4 jours. Pour le SNUipp-FSU, il faut revoir le calendrier et le contenu de la journée, de la semaine et de l’année.

Ce sont ces constats et ces revendications qui ont amené les enseignants à faire grève les 13 et 14 novembre. Une réforme réussie doit marquer un progrès pour tous : élèves, personnels et service public. À l’épreuve du terrain, les constats rassurants du Ministre, de l’administration et des municipalités sur la réussite de cette rentrée sonnent faux. Et que dire des résultats d’une enquête du ministère de l’Éducation nationale communiquée à l’AFP qui indique que la mise en route des nouveaux rythmes scolaires ne pose pas de problèmes dans plus de neuf communes sur dix, et que la gratuité des activités périscolaires est la règle. Cette enquête s’appuierait sur la remontée des DSDEN. Nous vous demandons communication de ce qui a été transmis, pour notre département.

Depuis un an et demi, la FSU réclame de réelles négociations pour une réécriture de ce décret. Le statu quo n’est pas possible, mais il faut stopper ce bricolage avant de le généraliser, d’autant plus qu’il met à mal le principe d’égalité territoriale, en confiant aux communes des financements et responsabilités qui ne sont pas de leur ressort. Le SNUipp-FSU appelle à un rassemblement national de délégations départementales le 20 novembre devant le ministère. Il considère qu’une grève nationale unitaire est nécessaire début décembre pour obtenir des réponses aux revendications des enseignants, notamment par une remise à plat du dossier de la réforme des rythmes.