Mercredi 30 mars, comme chaque année, la nuit solidaire était organisée place de Verdun par une vingtaine d’associations et de collectifs. Nous comptions passer la nuit dans des tentes devant la préfecture de l’Isère, pour protester contre les expulsions locatives et la fin du dispositif hivernal.

En effet, plus de 500 personnes, dont des familles, hébergées depuis la mi-novembre 2010 dans le cadre du dispositif hivernal risquaient de se retrouver à la rue fin mars si aucune décision de relogement n’était prise. Les dispositifs hivernaux et la trêve hivernale sont censés éviter que des personnes se retrouvent à la rue en hiver, mais comment pourrait-on accepter qu’elles se retrouvent dehors le reste de l’année ?

Ces dispositifs limités et précaires rappellent l’hypocrisie d’un système qui d’un côté alimente des inégalités, des discriminations, de la pauvreté et d’un autre pare mollement à ces problèmes par des faux discours et de fausses promesses (discours de Nicolas Sarkozy en 2007 « zéro personne à la rue »).

Nous voulions faire de cette nuit solidaire un moment convivial de colère face aux injustices et pour que le droit au logement soit réel et applicable.

Un logement pour toutes et tous, en été comme en hiver, ce n’est pas de trop, c’est la moindre des choses !!!

Le préfet en a voulu autrement. Il a commencé par tenter de négocier pour qu’il n’y ait pas de nuit solidaire, en cherchant à diviser les associations entre elles. Ce moyen n’ayant pas fonctionné il a essayé de nous faire taire par la force.

Ainsi le mercredi soir, lorsque les deux premières tentes ont été dépliées – un geste on ne peut plus non violent et symbolique – les CRS ont chargé le rassemblement à 2 reprises, sans sommations, confisquant les tentes et arrêtant par ailleurs un militant qui n’esquissait pas le moindre geste agressif et qui a été retenu en garde à vue jusqu’au lendemain à 10h30 du matin !

Par la suite, alors que l’ambiance restait bon enfant, le préfet a fixé un ultimatum à minuit pour dégager la place. Cependant les 200 personnes présentes ont choisi de rester pour continuer de protester calmement et de ne pas se soumettre à des menaces autoritaires et arbitraires.

À minuit, la police a chargé violemment, expulsant toutes les personnes présentes sur la place, tabassant des gens, puis entamant une véritable chasse à l’homme dans les rues du centre ville.

De leur côté, il y avait le préfet, les boucliers, les casques, les matraques, les lacrymos, les chiens, la brigade-anti-criminalité et 7 fourgons de CRS.

Du notre, il y a eu 3 personnes à l’hôpital, sérieusement blessées (fractures de côtes, traumatismes crâniens, plaies ouvertes) et une arrestation, celle d’un militant qui, encore une fois, n’avait pas esquissé le moindre geste violent.

Les personnes tentant de s’échapper dans le centre-ville ont longuement été traquées, et pour celles attrapées, elles ont eu droit à un tabassage en règle.

La répression, au service du pouvoir, a toujours été un moyen d’écraser les protestations. À Grenoble, ville historique de citoyenneté, de liberté et de résistance, le déchaînement d’une telle violence policière est une exception. En permettant cette répression, qui a terrifié de très nombreux Grenoblois qui ont assisté stupéfaits à cette véritable chasse à l’homme, le Préfet de l’Isère a créé un véritable désordre, aux antipodes d’un ordre républicain.

Ainsi de nombreuses luttes et solidarités, en France comme ailleurs, goûtent à la froideur et à l’inhumanité des matraques…

La répression ne nous fera pas taire !

Nous sommes rassemblé(e)s sur la place V. Hugo pour protester contre la répression masquant, dans ce cas, la mise à la rue de centaines de personnes !

Nous appelons chacun et chacune à réagir contre ces graves atteintes aux libertés individuelles et collectives.

Premiers signataires : ADES – Afric Impact – APARDAP – ASEG-FSE – ATTAC38 – CIIP – CADTM – Coordination iséroise de soutien aux sans papiers – Collectif de soutien aux réfugiés algériens – Comité Traite négrière / Esclavage – Europe Écologie/Les Verts Isère – France Amérique Latine 38 – FSU – Iran solidarités – La Patate chaude – Les alternatifs – Ligue des Droits de l’Homme Grenoble et Isère – Maroc solidarités citoyennes – Mouvement de la Paix – NPA – Parti socialiste – PCF Isère – PAS 38 – PCOF – RasLfront/Graisivaudan – RESF 38 – RUSF – Solidaires – Sud Éducation – UD CGT