Depuis les interventions militaires des puissances occidentales pour se débarrasser des régimes dictatoriaux d’Irak et de Libye et pour tenter de faire de même en Syrie, de vastes régions d’Afrique et du Moyen-Orient sont le théâtre de multiples guerres.
Depuis, pour développer leur influence, les milices chiites et sunnites s’affrontent, les Kurdes se battent pour la création d’un Etat ou l’obtention d’une très large autonomie, et, pour cela, sont combattus par la Turquie, tandis que le régime syrien tente de survivre par la terreur. En Libye, c’est la guerre civile et au Yémen, l’armée saoudienne bombarde des rebelles (?) chiites.
Les États-Unis portent la principale responsabilité dans cette situation car ils n’ont jamais cessé d’intervenir par des bombardements et des drones tueurs et par une politique visant à ce qu’aucune faction ne soit victorieuse : ainsi, ils apportent un soutien aérien aux Kurdes pour contenir l’expansion de Daesh, ainsi, ils ont remis l’Iran au rang de puissance respectable pour lui permettre d’intervenir militairement contre l’expansion sunnite, notamment en Syrie.
Un boulevard diplomatique s’ouvre donc aujourd’hui, pour la Russie qui intervient militairement pour "maintenir un État en Syrie" et qui propose de prendre la tête d’une vaste coalition anti-Daesh en y intégrant ce qu’il reste de l’armée syrienne.
Ces guerres multiples ont eu et ont deux conséquences :
L’émergence de Daesh qui, avec un reste de l’armée irakienne, a conquis rapidement des territoires et qui a développé sur internet une propagande anti-occidentale avec mise en scène de ses exactions barbares et meurtrières couplée avec des références à un Islam éradiquant les "infidèles "et au califat (ancien État mythifié à réinstaurer). Cette propagande a réussi à convaincre de jeunes européens et aussi des français, que Daesh était la seule force capable de battre "l’occident chrétien" et ainsi les volontaires au "djiad" se sont multipliés.
Un flux migratoire exceptionnel de populations soumises aux guerres et aux bombardements et convaincues qu’il n’existe, aujourd’hui, aucune solution politique pour sortir de cette situation : ainsi, l’ONU estime à 5 millions le nombre actuel de réfugiés syriens qui ont fuit leur pays soit 1/4 de sa population.
Face à cette situation, la réponse de l’Europe et de la France est de tout faire pour se mettre à l’abri, y compris en sacrifiant ses valeurs. Le gouvernement français est même devenu le fer de lance de cette politique :
Ainsi, même s’il est juste de réduire Daesh, la réponse donnée est essentiellement militaire. Il est clair que l’efficacité de cette action, à moyen et à long terme, est quasi nulle, aussi bien pour empêcher l’émergence de nouvelles organisations terroristes que pour donner des perspectives politiques, comme le montre l’histoire récente.
Ainsi, en faisant tout pour n’accepter qu’un nombre le plus bas possible de migrants fuyant les guerres, le gouvernement français fabrique un pays inhospitalier et insensible à la détresse de millions d’êtres humains.
Ainsi, les milliards d’euros promis à la Turquie pour qu’elle stocke les migrants actuels et à venir dans des camps et qu’elle œuvre pour les garder. Peut-on raisonnablement penser que ces populations vont se contenter de cette vie sans avenir ?
Ainsi, l’état d’urgence promulgué pour 3 mois avec des projets de prolongation et de changement constitutionnel, nous fait basculer dans un monde ou une simple suspicion policière peut avoir de graves conséquences individuelles ou collectives sans possibilité de recours. Ne serait-ce pas l’État de droit qu’il faudrait, au contraire, renforcer ?
Plutôt que d’affronter les défis actuels avec nos valeurs : LIBERTÉ – ÉGALITÉ – FRATERNITÉ, le gouvernement a choisi de leur tourner le dos. Ce choix est indigne et, désormais, il dépend de nous que notre avenir ne soit pas la guerre mais qu’il soit la coopération entre les peuples.
Jacques Fogliarini